Sénat vs Assemblée : la bataille féroce sur la réforme des retraites fait rage
16 nov.

Le 25 octobre 2025, l’Assemblée nationale a voté la suspension de la réforme des retraites, un coup de massue pour le gouvernement. Mais ce n’était qu’un coup d’arrêt, pas une fin. Le Sénat, lui, a réagi comme un mur de pierre : « Nous la votons depuis cinq ans », a lancé Gérard Larcher, président du Sénat et figure emblématique des Républicains. Et il a ajouté, sans ambages : « Son abandon, c’est 30 milliards de déficit en 2035 ». Ce n’est pas un simple désaccord. C’est une guerre constitutionnelle, entre deux pouvoirs qui ne parlent plus la même langue.

Un vote politique, pas technique

La suspension votée par l’Assemblée n’était pas une révision de fond. C’était un deal. Un marché entre le Parti socialiste et Sébastien Lecornu, Premier ministre par intérim. En échange de son soutien pour éviter une censure, le PS a obtenu la suspension de la réforme — une concession symbolique, mais lourde de conséquences. Les écologistes, le Rassemblement National, et même certains députés Renaissance ont suivi. Seuls la France insoumise et les communistes ont rejeté la manœuvre, la qualifiant de « décalage » cynique. Leur point de vue ? Ce n’est pas une réforme qu’on suspend, c’est une promesse qu’on trahit.

Le coût ? Les chiffres divergent. L’Assemblée parle de 300 millions d’euros en 2026 et 1,9 milliard en 2027. Public Sénat, lui, est plus modéré : 100 millions et 1,4 milliard. Mais la vraie question n’est pas là. C’est la logique : suspendre, c’est retarder, mais pas annuler. Et retarder, c’est creuser le déficit. Parce que les dépenses continuent, les recettes ne suivent pas. Le système de retraite, déjà à bout de souffle, glisse un peu plus vers le précipice.

Le Sénat : un rempart conservateur

Le 15 novembre 2025, la commission des affaires sociales du Sénat a rendu sa version. Et elle est radicale : rétablir la réforme, oui. Mais aussi, et c’est nouveau, geler partiellement les pensions. Un message clair : pas de magie, pas de miracle. Il faut des sacrifices. Cette commission, dominée par les Républicains (130 sièges), l’Union centriste (59 sièges) et Les Indépendants (20 sièges), ne transige pas. Elle a travaillé depuis mai 2025 avec les rapporteurs pour bâtir un budget avec 32,5 milliards d’économies. Pas de fioritures. Des chiffres. Des comptes.

Le président du groupe RDPI, François Patriat, a fait preuve de prudence. « Je plaiderai pour l’abstention », a-t-il confié à Public Sénat. Pour lui, la stabilité du budget prime. Même s’il reconnaît que la réforme Borne de 2023 était « indispensable ». Une phrase qui dit tout : même les alliés du gouvernement doutent. Et ils ne veulent pas payer le prix de l’incertitude.

Les voix de l’opposition intérieure

Dans les rangs des Républicains, la colère gronde. Bruno Retailleau, ancien ministre et désormais sénateur, a été sans appel : « Je suis effaré par la lâcheté du gouvernement ». Ce n’est pas une simple critique. C’est une rupture. Les Républicains ont refusé de rejoindre le gouvernement Lecornu, non pas pour des raisons idéologiques, mais parce qu’ils jugent les mesures insuffisantes. « Nous ne nous y retrouvons pas », ont-ils tranché. Leur obsession ? Réduire les dépenses. Pas augmenter les impôts. Et la suspension de la réforme, pour eux, est un coup de poignard dans l’équilibre financier.

Patrick Kanner, sénateur socialiste, a pourtant célébré la suspension comme une victoire : « 3,5 millions de nos concitoyens ne paieront pas un nouvel impôt sur la vie ». Mais derrière cette phrase, il y a une autre vérité. Il évoque aussi « 10 millions de Français plongés dans la pauvreté » et « 5 millions de travailleurs au Smic ». La réforme n’est pas qu’un problème de comptabilité. C’est un enjeu social. Et là, le Sénat et l’Assemblée ne sont pas sur la même planète.

La bataille du 31 octobre — et après

La bataille du 31 octobre — et après

Le 31 octobre 2025, le Sénat devait remettre sa version au Premier ministre. Il l’a fait. Mais la bataille ne fait que commencer. Le délai de 15 jours pour se prononcer expire fin novembre 2025. Si le Sénat rétablit la réforme, le texte retourne à l’Assemblée. Et là, c’est le chaos assuré. L’Assemblée peut le rejeter à nouveau. Ou le modifier. Et si les deux chambres ne s’entendent pas ? La Constitution prévoit un comité mixte paritaire. Et si ça échoue ? Le gouvernement peut imposer sa version. Mais à quel prix ?

Le pays est divisé. Les Français ne comprennent plus. Pour certains, c’est une réforme injuste, qui pousse les travailleurs à travailler plus longtemps. Pour d’autres, c’est une nécessité pour sauver les retraites de la faillite. Entre les deux, la politique fait des manœuvres. Des compromis. Des promesses. Et des retours en arrière.

La réforme Borne de 2023 n’était pas parfaite. Mais elle était claire. Aujourd’hui, tout est flou. Les chiffres varient. Les alliances changent. Les mots sont utilisés comme des armes. Et le vrai perdant, c’est la confiance.

Le prix du silence

Personne ne parle du silence des médias. Personne ne parle du fait que les syndicats, après avoir mené des grèves massives en 2023, sont aujourd’hui muets. Pourquoi ? Parce que le gouvernement a trouvé un autre chemin : la négociation parlementaire. Et les syndicats, fatigués, ont choisi de ne pas jouer le jeu. Ce n’est pas une victoire. C’est une défaite silencieuse.

Frequently Asked Questions

Pourquoi le Sénat veut-il rétablir la réforme des retraites alors que l’Assemblée l’a suspendue ?

Le Sénat, dominé par une majorité de droite et de centre, considère que la suspension de la réforme creuse le déficit de la Sécurité sociale de 30 milliards d’euros d’ici 2035, selon Gérard Larcher. Il estime que la réforme Borne de 2023, bien que contestée, est indispensable pour assurer la viabilité du système. Le Sénat ne voit pas la suspension comme une mesure sociale, mais comme une fuite financière.

Quel est le vrai coût de la suspension de la réforme ?

Les estimations varient : l’Assemblée nationale parle de 300 millions d’euros en 2026 et 1,9 milliard en 2027, tandis que Public Sénat estime ces coûts à 100 millions et 1,4 milliard. La différence tient aux méthodes de calcul, notamment sur les effets d’entraînement sur les dépenses de santé et les aides sociales. Mais tous les experts s’accordent : suspendre, c’est reporter la facture — pas l’effacer.

Le Parti socialiste a-t-il trahi ses valeurs en soutenant la suspension ?

Pour ses militants, c’est un compromis nécessaire pour bloquer un gouvernement qu’ils jugent inéquitable. Patrick Kanner a souligné que la suspension évite un « nouvel impôt sur la vie ». Mais pour d’autres, c’est une reddition : le PS a abandonné sa tradition de défense du système de retraites pour gagner un vote de confiance. La ligne rouge entre pragmatisme et trahison est de plus en plus floue.

Que se passe-t-il si le Sénat et l’Assemblée ne s’entendent pas ?

Si les deux chambres ne trouvent pas un accord après deux lectures, le gouvernement peut invoquer l’article 45 de la Constitution pour imposer sa version. Mais cela exigerait une majorité absolue à l’Assemblée, ce qui est improbable. Le risque ? Une crise institutionnelle, avec un budget non voté et un blocage du système de retraites. C’est la pire des scénarios.

Pourquoi les Républicains refusent-ils de rejoindre le gouvernement Lecornu ?

Ils jugent que les mesures du gouvernement ne réduisent pas suffisamment les dépenses publiques et continuent d’augmenter les impôts. Pour eux, la suspension de la réforme des retraites est le symptôme d’une stratégie économique incohérente. Bruno Retailleau a qualifié cette approche de « lâcheté ». Leur refus est aussi un signal politique : ils veulent se positionner comme l’alternative sérieuse, pas comme des partenaires de gouvernement instables.

Comment cette crise affecte-t-elle les retraités actuels ?

Les retraités actuels ne sont pas directement touchés par la suspension. Mais la crise budgétaire menace les prestations futures. Si le système de retraite ne trouve pas de solution d’ici 2030, des réductions de pensions ou des augmentations de cotisations pourraient être imposées de façon brutale. La suspension crée de l’incertitude — et l’incertitude, c’est la pire des taxes pour les seniors.

Maxence Lefèvre

Je m'appelle Maxence Lefèvre, expert en voyages et passionné par le camping. J'aime partager mes expériences et mes connaissances avec les autres amateurs de plein air. J'écris régulièrement des articles sur les meilleures destinations de camping et les conseils pour profiter pleinement de la vie en plein air. J'ai également écrit un livre sur le camping, qui a été très apprécié par les lecteurs. Mon objectif est d'aider les gens à découvrir les joies du camping et à créer des souvenirs inoubliables en pleine nature.

voir tous les messages

Écrire un commentaire