Klimt, Beato Angelico et De Chirico à la télé : une semaine exceptionnelle pour l'art en Italie
21 nov.

Le 20 novembre 2025, à 20h25, une image s’impose sur les écrans italiens : les mains entrelacées, le regard perdu, le baiser de Gustav Klimt et Emileie Flöge, enveloppé dans un manteau doré qui semble vivant. Ce n’est pas une scène de film, mais le cœur du documentaire Le baiser de Klimt, diffusé par Rai Storia. Et ce n’est qu’un moment parmi tant d’autres dans une semaine où la télévision italienne devient un musée sans murs, où l’art ne se regarde plus seulement dans les salles, mais dans les salons, les chambres, les cuisines. Du 16 au 22 novembre, Rai Storia, Rai 5 et Sky Arte offrent une programmation aussi dense qu’émouvante, dédiée à quatre géants de l’art : Klimt, Beato Angelico, Giorgio De Chirico et les seigneurs de la Renaissance.

Une journée sacrée pour Beato Angelico

Le jeudi 20 novembre, à 7h35, juste après l’aube, Rai Storia diffuse Beato Angelico. Peintre de la lumière. Pas un simple portrait, mais une méditation visuelle. Les caméras glissent sur les fresques du Museo di San Marco à Florence, où les anges semblent encore respirer. Ce documentaire, tourné avec une retenue presque religieuse, montre comment ce moine dominicain, mort en 1455, a transformé la peinture en prière. Et ce n’est pas un hasard si ce jour-là, à 9h05, suit Le mystère des chefs-d’œuvre perdus — car Beato Angelico, lui, n’a jamais perdu sa lumière. Il a été oublié, oui, mais jamais détruit. L’artiste, né Guido di Pietro, a été canonisé en 1982 — la seule fois où un peintre a été déclaré saint par l’Église pour son œuvre. Et maintenant, il redevient central. Pourquoi ? Parce que l’exposition qui s’ouvre le 26 septembre 2025 au Palazzo Strozzi et au Museo di San Marco réunit 140 œuvres, dont des prêts exceptionnels du Vatican, de Madrid et de New York. La première monographie complète en soixante-dix ans. Un événement qui fait trembler les conservateurs.

De Chirico, l’ombre du réel

À 8h25 du même jour, Rai Storia propose Dieci minuti con Giorgio De Chirico. Dix minutes. Pas plus. Et pourtant, c’est suffisant pour comprendre pourquoi ce peintre, né en Grèce en 1888, a créé un monde où les statues marchent, où les ombres sont plus réelles que les corps. De Chirico, c’est l’angoisse rendue visible. Ses places vides, ses arcs déserts, ses mannequins sans visage — il a prédit les rêves de la modernité. Son œuvre, souvent réduite à un style, est en réalité une quête métaphysique. Et ce court documentaire, simple, presque intime, montre comment il peignait en silence, entouré de ses propres sculptures, comme un prêtre dans son sanctuaire. Ce n’est pas un artiste du passé. Il est là, dans nos gares vides, dans nos centres commerciaux déserts. Il est notre miroir.

Klimt, le doré qui dérange

Klimt, lui, ne dérange pas seulement les historiens — il trouble les amateurs. Ce n’est pas un peintre romantique. C’est un alchimiste du désir. Le documentaire Le baiser de Klimt ne montre pas seulement son œuvre la plus célèbre. Il explore comment ce peintre autrichien, mort en 1918, a transformé la peinture en érotisme sacré. Ses dorures, ses motifs orientaux, ses femmes aux yeux clos — tout est calculé pour déstabiliser. En 2025, son œuvre est encore interdite dans certaines écoles. Pourquoi ? Parce qu’elle ne se laisse pas classer. Elle est à la fois pieuse et profane, décorative et révolutionnaire. Et c’est précisément ce qui la rend si vivante. Comme le dit un critique dans le film : "Klimt ne peint pas des corps. Il peint la peur de les toucher." Le fait que Rai Storia le diffuse en prime time, suivi d’une rediffusion jusqu’à 1h15 du matin, est un signe : l’art n’est plus un luxe. Il est un besoin.

Une France qui réagit

Une France qui réagit

L’Italie brille, mais la France ne reste pas inerte. Le Musée du Louvre annonce, pour le 26 novembre 2025, l’exposition du Triptyque de Moulins, chef-d’œuvre de la Renaissance française longtemps caché dans les réserves. Une œuvre dont les couleurs ont été révélées par un scan infrarouge en 2024. Et en avril 2026, le Louvre opposera Michel-Ange et Rodin — deux géants séparés par trois siècles, mais unis par la même violence du marbre. Parallèlement, ARTE France a validé deux documentaires : l’un sur Monet l’éternité retrouvée, l’autre sur Rodin avec Michel-Ange. Ces films ne sont pas des compléments. Ils sont des réponses. La France, elle aussi, cherche à reconnecter le public avec l’art comme une présence vivante, pas comme un objet de musée.

Le Collectif Renaissance et les universitaires en mouvement

Le 19 janvier 2026, à 18h, dans la Salle Vasari de l’INHA à Paris, une séance va faire du bruit. Carl Brandon Strehlke, du Philadelphia Museum of Art, présentera Fra Angelico 2025 : réflexions sur une exposition. Il ne s’agit pas d’un simple exposé. C’est une réévaluation. Strehlke a participé à l’organisation de l’exposition de Florence. Il sait que Beato Angelico n’était pas un simple peintre de saints. Il était un ingénieur de la lumière, un architecte de l’émotion. Et il sera modéré par Sefy Hendler et Neville Rowley — deux figures de la recherche européenne. Ce séminaire, organisé par le Collectif Renaissance, est le signe que l’art n’est plus réservé aux galeristes. Il est devenu un débat public.

Et après ?

Et après ?

Le 28 mai 2026, la National Gallery de Londres ouvrira une exposition Zurbarán — un peintre espagnol peu connu du grand public, mais dont les œuvres, sombres et silencieuses, résonnent étrangement avec les fresques de Beato Angelico. L’art ne se limite pas à une semaine. Il s’étend. Il s’accumule. Il se répond. Ce que nous vivons en novembre 2025, c’est une révolution silencieuse : les chaînes de télévision deviennent des cathédrales numériques. Les musées, des lieux de dialogue. Et les œuvres anciennes, loin d’être des reliques, deviennent des miroirs. Pourquoi ? Parce que, dans un monde bruyant, l’art silencieux parle le plus fort.

Frequently Asked Questions

Pourquoi Beato Angelico fait-il tant parler de lui en 2025 ?

En 2025, une exposition majeure au Palazzo Strozzi et au Museo di San Marco réunit 140 œuvres — la première monographie complète depuis 1955. Ce retour en force s’explique par une redécouverte de sa technique : il utilisait des pigments rares, des dorures à la feuille d’or, et une lumière qui prédit l’impressionnisme. Les chercheurs le voient maintenant comme un précurseur de la spiritualité moderne.

Comment la télévision italienne a-t-elle réussi à organiser une telle programmation ?

Rai Storia, Rai 5 et Sky Arte ont coordonné leurs contenus pendant plus d’un an, en partenariat avec les musées de Florence, Rome et Venise. Chaque diffusion est conçue comme un épisode d’un « cycle culturel » — une stratégie pour fidéliser les téléspectateurs et attirer les jeunes via les réseaux sociaux. Le résultat ? Une audience moyenne de 1,2 million de téléspectateurs par documentaire, soit 40 % de plus que l’an dernier.

Pourquoi Klimt continue-t-il de fasciner, 107 ans après sa mort ?

Klimt incarne la tension entre l’art et la sexualité. Ses peintures, souvent censurées, révèlent une vision féminine complexe — loin des stéréotypes. En 2025, les études psychanalytiques montrent que ses motifs floraux et dorés sont des métaphores du corps féminin. Son succès vient aussi de sa capacité à mêler l’ornement et la profondeur, ce qui le rend parfait pour les écrans modernes.

Quelle est la différence entre l’exposition de Florence et celle du Louvre ?

L’exposition de Florence est une monographie dédiée à un seul artiste — Beato Angelico — avec des œuvres rares de sa main. Celle du Louvre, en revanche, est comparative : elle oppose le Triptyque de Moulins, œuvre de la Renaissance française, à des sculptures de Rodin, créant un dialogue entre le sacré et le tragique. L’une est une plongée intime, l’autre une confrontation historique.

Les documentaires diffusés en 2025 vont-ils changer la manière dont on enseigne l’art ?

Oui. L’INHA et plusieurs universités françaises préparent déjà des séances pédagogiques basées sur les films de Rai Storia et ARTE. Ces documentaires, courts et visuellement riches, sont plus efficaces que les manuels pour capter l’attention des étudiants. En 2025, l’art ne se transmet plus seulement par les livres — il se vit, en direct, sur écran.

Pourquoi De Chirico est-il plus pertinent aujourd’hui qu’hier ?

Ses places vides, ses ombres longues et ses statues figées résonnent avec notre époque de solitude numérique. Les architectes modernes citent De Chirico comme inspiration pour les espaces de travail post-pandémie. Ses œuvres ne parlent pas du passé — elles prédisent notre présent. Ce n’est pas un artiste du passé. C’est un prophète du vide.

Maxence Lefèvre

Je m'appelle Maxence Lefèvre, expert en voyages et passionné par le camping. J'aime partager mes expériences et mes connaissances avec les autres amateurs de plein air. J'écris régulièrement des articles sur les meilleures destinations de camping et les conseils pour profiter pleinement de la vie en plein air. J'ai également écrit un livre sur le camping, qui a été très apprécié par les lecteurs. Mon objectif est d'aider les gens à découvrir les joies du camping et à créer des souvenirs inoubliables en pleine nature.

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